30 avril 2020

Coronavirus : le cycliste déconfiné roulera seul

Le ministère des Sports a communiqué aujourd'hui sur les principales conditions dans lesquelles les Français pourront reprendre leur activité physique, lors du déconfinement, prévu le 11 mai 2020*. Les activités pourront se faire, en fonction de la situation sanitaire de chaque département (zone rouge ou verte**), à l'extérieur, sans limitation de durée de pratique, sans attestation et dans une limite de distance du domicile inférieure à 100 km.

Covid-19 seul à vélo
Sur la route, tout seul. 
LE VELOMANE VINTAGE
Les rassemblements de pratiquants seront limités à 10 personnes, séparées les unes des autres de 10 m au moins dans le cas du vélo (ou du jogging). Cette mesure de distanciation est préconisée par le Haut Conseil de la santé publique dans un avis publié le 24 avril. "Lors d’activités physiques, les émissions de gouttelettes sont particulièrement importantes et à risque de transmission", note le HCSP. Le mouchage "cycliste" est à haut risque en période d'épidémie !

Fin provisoire des pelotons
En pratique, pour les cyclistes, cela impose de rouler de manière individuelle : un groupe de 10 coureurs séparés de 10 m les uns des autres n'a aucun de sens. Le principe même du peloton, c'est de permettre aux cyclistes de s'abriter du vent tour à tour dans la roue des autres. Les adeptes du vélo de route devront perdre le réflexe de "prendre" voire "sucer" des roues, du moins jusqu'à la fin de l'épidémie.

Quelques questions demeurent à ce jour. Un cycliste venant d'un département "vert" pourra-t-il emprunter une voie située sur un département "rouge" où la liberté de circulation devrait être limitée ? Les cyclistes ne respectant pas la distance minimale de 10 m seront-ils verbalisés ? Quelle sera la sanction ?

Des textes réglementaires ou législatifs devraient préciser tous ces points.

Lire mes autres articles sur le vélo et le coronavirus

* La décision sera prise le 7 mai pour maintenir ou non cette date. **Distinction en fonction des "indicateurs" retenus par le Gouvernement : taux de circulation du virus, capacités hospitalières en réanimation, capacité locale de tests de détection des porteurs du virus.

12 avril 2020

Les courses cyclistes sur home-trainer remontent au XIXe siècle

L'épidémie de coronavirus a poussé l'organisateur du Tour des Flandres à organiser une course virtuelle : treize coureurs ont pédalé sur home-trainers à rouleaux, connectés entre eux via une plateforme Internet. Ce type de compétition statique n'est pas nouveau, il est quasiment aussi vieux que le home-trainer.

Cyclodrome
En 1897, le quotidien Gil Blas parle dans son édition du 21 janvier d'"une nouvelle distraction parisienne", le "Cyclodrome". Des "coureurs cyclistes réputés et aussi de ravissantes bicyclistes" pédalent sur home-trainer à des vitesses de 40 km/h. Ils sont reliés mécaniquement à de petits cyclistes de plomb qui tournent et se poursuivent sur une piste miniature. Ce spectacle est donné chaque soir au 14, bd Poissonnière.

Petits cyclistes
Cette attraction similaire fut auparavant présentée au Salon du cycle du Palais de l'industrie, à Paris, selon le Bulletin officiel du Nord-Touriste, du Moto-Club et de l'Automobile-Club du Nord, en 1923(1). Une douzaine de cyclistes étaient alignés sur des home-trainers. Des courroies de transmission relaient leurs vélos à une grande table en forme de billard, sur laquelle tournaient de petits cyclistes en plomb à la manière des petits chevaux. "Plus on pédalait fort sur le home-trainer, plus on faisait avancer la bicyclette en plomb", rappelle l'auteur de l'article, Leader.

Dans le même bulletin, en 1924(2), citant Le Chasseur français, Leader fait observer que les courses sur home-trainers, populaires en Amérique (épreuves de six-jours !) et en Allemagne, ont disparu en France à partir de 1900. Il propose alors : "Sans demander que ce sport de home-trainers soit inscrit au programme des Jeux olympiques, il est évident que, pendant les longues soirées d'hiver, il créerait une distraction dans les petites villes et il offrirait une ressource nouvelle aux coureurs professionnels qui pourraient être engagés en vue de ces meetings."

Lire aussi : Cyclistes : le home-trainer a plus de deux cents ans

(1) 1er trim. 1923, "Les jeux sportifs du cycle", Leader, p.10.
(2) 2e trim.

cyclodrome du XIXe siècle
Les Américains Murphy et Butler, 
au sprint sur rouleaux.

5 avril 2020

Coronavirus : cyclistes, patientons !

Avec cette épidémie, le temps s'est arrêté. Nous mettons pied à terre et observons le feu rouge. Le temps s'est arrêté et nous nous impatientons. Nos jambes se raidissent. Mais, peu à peu, jour après jour, nous comprenons : le feu mettra du temps à verdir.

Nous rangeons alors notre vieux vélo. Cloîtrés, nous aurons le loisir de le nettoyer, de le chérir, de lui donner de notre temps. Rendez-vous à la cave, au garage ou à l'atelier.

vélo et confinement
Confinement : les cyclistes
mettent pied à terre. 
Le temps s'est arrêté. Il nous attend, imperturbable. Il nous observe, car nous sommes redevenons piétons. De minuscules piétons que l'embonpoint menace. Nous ne pédalons plus. La course contre la montre s'est arrêtée : les aiguilles se sont bloquées à midi, le 17 mars 2020. Confinement, confiture, confiserie : horreur ! nous allons prendre du gras. Le temps nous observe. Qu'allons nous faire ?

Du grenier, certains descendent le vélo d'appartement ou le home-trainer. Transpirer, tourner les jambes en narguant les aiguilles de la pendule qui ne tournent plus. Nous avons bonne conscience car nous luttons contre les corps gras.

Le temps n'est pas seul, son compagnon le soleil est apparu. Lui aussi nous nargue. Vous ne sortirez pas ! nous souffle-t-il.

Mais comme l'écrit Sylvain Tesson, dans La Panthère des neiges, la patience est "une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée". Alors patientons, le feu repassera un jour au vert.

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2 avril 2020

Robert et Pierre, cyclistes au-delà du col

Robert et Pierre étaient deux amis. Ils se sont connus sur le vélo, il y a bien longtemps.  Ils sont morts du cancer l'an passé, à cinq jours d'intervalle, à quelques kilomètres l'un de l'autre. Leur dernier adversaire, ce fut la maladie. Elles les a eus à l'usure. Ils étaient pourtant forts, sportifs, endurants. Ils ont lutté comme des compétiteurs, avec l'esprit et le corps. Des efforts accomplis pendant des mois, soutenus par leurs supporters : leurs femmes, leurs enfants, leurs amis.