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7 juillet 2022

Dieppe-Rouen en randonneuse vintage

Six heures trente du matin. Je suis le premier client dans la salle à manger de l'hôtel, à Dieppe. Je remplis mon estomac (céréales, viande, oeufs brouillés et fruits) et les poches de mon maillot de cycliste (pêche, banane, abricots). Au programme : cent kilomètres pour atteindre Rouen.

La nature plus forte.
LE VELOMANE VINTAGE

Sept heures trente. Je roule seul sur l'Avenue Verte London-Paris, soit trente six kilomètres jusqu'à Neufchâtel-en-Bray, avec le vent de face. Le soleil teinte de vert clair les prés, dans lesquels des vaches Holstein sont parsemées. Un paysage de boîte de camembert. A un croisement, une demeure à colombages de laquelle sort un vieillard à l'énorme moustache blanche ; il répond à mon salut par un sourire. A deux-mille-cinq-cents kilomètres de la guerre en Ukraine, la vie est paisible en Seine-Maritime.

A Neufchâtel-en-Bray, pose banane. Je quitte l'Avenue Verte pour la D 1, large route gravillonneuse. Bien que peu de voitures y circulent – c'est dimanche –, je préfère troquer cette voie contre de petites routes champêtres. 

Campagne, me voici ! Tes routes sont celles que j'aime : des touffes d'herbe ont percé la chaussée, aucun véhicule à moteur ne circule. J'adore tes descentes, dans lesquelles je relâche mes muscles. Je suis toutefois attentif car un obstacle peut toujours surgir. Une petite tache sombre traverse la chaussée. Une musaraigne s'est engagée. Alertée par les tressautements de ma randonneuse (quatre-vingt dix kilos avec le cycliste), le minuscule mammifère hésite et fait demi-tour vers le bas-côté.

C'est aussi sur un bas-côté que je m'accorde une courte halte. Je croque dans une pêche plate prise à l'hôtel. Concentré de fraîcheur et de saveur sucrée, ce fruit est un délice. Plaisir court et intense.

A Buchy, commune libérée par les Canadiens en août 1944, je pique-nique en face des halles où se tient une brocante. J'achète une tablette de chocolat noir, dont le goût fort, avec le café, me manque. 

Dans la chaleur de la mi-journée, j'atteins Blainville-Crevon. Attenant à la salle des fêtes, j'aperçois une cuisine où s'affaire un homme. Accueillant, il remplit mon bidon et m'encourage. Ce genre de rencontre, ces quelques secondes d'aide, de conversation rendent le voyage si agréable et confirment que l'Homme est bon.

La route vers Ry, qui longe le Crevon, sous-affluent de la Seine, est magnifique. Creusant les prés et les bois, la départementale 12 avance lentement comme un serpent. 

Ry : commune dont Flaubert se serait inspiré pour Madame Bovary. Moeurs de province. La rue principale, comme dans un western, est déserte. Au bout, non pas un "general store", mais une droguerie... Ce nom est encore employé ? 

Rendez-vous manqué

Préaux, puis Darnetal et les faubourgs de Rouen. J'achète deux tartelettes et une boîte de Perrier que j'ingurgiterai après mon rendez-vous. J'ai rendez-vous avec la stèle du coureur cycliste Jean Robic, sur la côte de Bonsecours. Hélas, je prends la route dans le mauvais sens, celui de la descente. Je rate la stèle ! Pas de le temps de faire demi-tour (mon train à prendre) et de grimper là où Biquet s'envola pour remporter le Tour 1947. Cette côte de Bonsecours que mon père, au début des années 1950, gravit lors d'une virée Paris-Le Havre-Paris avec son cousin Marco.

J'ai manqué un rendez-vous, mais j'ai pensé à nos anciens cyclistes*. Je leur dédie mon voyage.

*  Robic, Papa, son père et aussi Piero.

Lire aussi :

A emporter : le guide La Côte normand à vélo, de Paulo Moura, Chamina édition.


Avenue Verte London-Paris
Invitation à voyager. LE VELOMANE VINTAGE

Ry en Seine-Maritime
Ry, la vie à l'heure de Flaubert.
LE VELOMANE VINTAGE

Ry Normandie
Ry, comme au Far West. LE VELOMANE VINTAGE


route champêtre
Liberté ! LE VELOMANE VINTAGE

Avenue Verte cyclotourisme
L'Avenue Verte London-Paris.
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1 juillet 2022

Avenue Verte, 2e étape : Gisors-Dieppe sous la pluie

Sous les cimes, dans la fraîcheur matinale, je quitte le château de la Rapée à 9 heures 15. La campagne bruisse ; le chant des oiseaux se couple au son de mes vieux pneus Schwalbe Marathon sur le chemin. A la sortie du bois, la route étroite perce d'immenses champs de blé tachetés de coquelicots. 

Avenue Verte Paris-London
Virée normande pour ma Rando-cycle.
LE VELOMANE VINTAGE
A la sortie de Sérifontaine, la température monte à mesure que je gravis la D 17. Les bas-côtés sont parsemés de boîtes de bière et de bouteilles d'eau en plastique. Qui les ramassera ? Ici, peu de masques, toutefois, à la différence de ce que j'observe en Seine-et-Marne. 

La route est vallonée et traverse les champs, sur les plateaux calcaires. Quel plaisir de descendre en roue libre, réchauffé par le soleil.

A Neuf-Marché, rue Neuve-des-Fossés, j'aborde un croisement avec la D 915. Il faut prendre en face, la rue Jules-Ferry... ce que je ne fais pas, n'ayant vu aucun panneau de l'Avenue Verte. Je m'engage trop à gauche, sur la D 915. Cette large route est fréquentée, je croise même des poids-lourds. Au bout de 2 km, je la quitte par la gauche sur une petite route qui mène à Gournay-en-Bray. Sauvé ! Morale : garder en tête que les voies comme l'Avenue Verte sont dessinées pour les cyclotouristes, parfois accompagnés d'enfants. Elle ne passe donc pas par une départementale ou une nationale à grande circulation.

En laissant A Gournay-en-Bray, sur le C7, route de Saint-Clair, je suis hélé. Mes compagnons d'hier m'ont rattrapé. Mon égarement sur la D 915 a a favorisé nos retrouvailles ; nous poursuivons notre chemin de concert.

Le ciel se teinte de gris,. De petites gouttes s'écrasent sur nos casques. Je baisse la visière de ma casquette Mercier. 

Vent dans le dos

La température a chuté. Nous nous arrêtons sous un abri en ciment à Forges-les Eaux. Les habitations en briques luisent sous la pluie, couleur sépia. Mes copains dévorent des sandwiches. J'avale une compote et une pomme transportées depuis Paris. Je n'ai pas pris le temps d'acheter autre chose. Lorsque nous repartons, j'enfile ma veste en Gore-Tex car la pluie, bien que légère, est froide. 

Notre équipée fait route vers le nord, sur une large et lisse piste cyclable noire, qui recouvre l'ancienne voie ferrée Dieppe-Paris. Vent dans le dos, nous fonçons à 28 km/h, une vitesse honorable eu égard au poids de nos cycles.

Dans les roues des camarades, je pense de plus en plus à la nourriture. A Neufchâtel-en-Bray, je fais une halte et leur propose de continuer sans moi car leur train part de Dieppe à 18 heures. La boulangerie Sophie-Lebreuilly, vaste, fait davantage penser à un "truck stop" américain ou à une cafétéria. L'énorme sandwich tomates-mozarella-salade fera l'affaire, avec une tartelette (met classique pour un  cycliste) et un double expresso dont je rêvais depuis mon départ de Gisors. Le sourire du serveur rondouillard est bien agréable, alors que la pluie continue à tomber. Une motarde des Pays-Bas finit son casse-croûte puis enfourche son engin chargé de matériel de camping.
Panneau "Présence de cyclistes"
Un panneau rassurant.
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La fin du parcours se déroule sur la piste, seul sous la pluie. Je souris en voyant une femme en culotte qui se prépare pour une course à pied organisée dans un village. (Elle se croyait à l'abri des regards, derrière sa voiture stationnée.)

Les autres êtres vivants que j'aperçois sont des vaches et des moutons dans les prés que fend la piste cyclable. 

"C'est très gentil"

Dieppe, 36 km. Le panneau donne le ton. Encore un effort et je serai à l'hôtel. Chaque dizaine de kilomètres me paraît longue. Dans les faubourgs de Dieppe, je croise des pelotons de cyclistes britanniques. Hommes et femmes d'une soixantaine d'années, que je salue et auxquels je lance un "welcome in France". "C'est très gentil", me répond une dame. Le vélo est un moyen de fraterniser.

A Dieppe, je me dégonfle : non, je n'irai pas me baigner. Le ciel est trop sombre, j'ai envie d'une douche et de dîner à l'hôtel. L'hôtel Mercure, estampillé "Accueil vélo", possède une pièce où ranger ma monture, qui passe la nuit avec une vingtaine d'autres bécanes. Le repas pris au restaurant attenant, le By Del Néro, est ordinaire et gâché par la musique d'ambiance, trop forte. je saute le dessert. Après 113 bornes, j'aurais voulu manger dans le silence.

Le parcours du jour :

  • Distance : 114 km  
  • Calories brûlées : 3 431
  • Durée : 5 heures 27
  • Vitesse moyenne : 21 km/h
Les conseils du cycliste :
  • Respecter les "stop" lorsque la piste croise des routes.
  • Prendre le temps de s'arrêter pour admirer le paysage : les collines du pays de Bray sont magnifiques.

Le reportage sur la 1re étape, Paris-Gisors


Avenue Verte
Vers Bazincourt-sur-Epte. LE VELOMANE VINTAGE

Avenue Verte
Une route pour moi seul. LE VELOMANE VINTAGE

Pique-nique humide à Forges. LE VELOMANE VINTAGE

Forges sous les eaux. LE VELOMANE VINTAGE

Rouxmesnil à vélo
Dans les faubourgs de Dieppe. LE VELOMANE VINTAGE

Avenue Verte
Bienvenue aux Anglais ! LE VELOMANE VINTAGE

Les derniers kilomètres.
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Avenue Verte
Arrivée à Dieppe. Je me baignerai une autre fois.
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29 juin 2022

Avenue Verte, 1re étape : cyclotouristes avec la banane sur Paris-Gisors

Ma rencontre avec une cyclotouriste, il y a deux mois, m'a encouragé à voyager sur l'Avenue Verte London-Paris, qui a dix ans cette année. Cette voie relie les deux capitales par des routes de campagne, pistes cyclables, et chemins ruraux. Ce 24 juin, ma bonne vieille randonneuse Rando-cycles est prête : porte-bagage, sacoches arrière, sacoche de cintre, sacoche de selle... La machine pèse 23 kg. 

Au programme, trois jours à pédaler : Paris-Gisors (1re étape), Gisors-Dieppe (2e étape) et Dieppe-Rouen (3e étape, hors de l'Avenue Verte). Retour par le train. Mon premier voyage à vélo !

Départ de la première étape. Pour éviter les boucles de la Seine, Aubervilliers, Saint-Denis, trop urbains, je prends le RER de Vincennes à Rueil-Malmaison. A Bougival, je traverse la Seine, puis remonte vers Maison-Laffitte, belle commune aux grandes avenues arborées, bordées de belles demeures. L'aventure commence dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Les panneaux indiquant l'Avenue Verte deviennent rares, et je me perds aux alentours de l'étang du Corra. La carte que l'organisme gérant l'Avenue Verte m'a envoyée n'est pas assez détaillée et mon GPS m'indique de rejoindre la N 184 où se trouve l'Avenue... tracée sur le trottoir ! Il manque autour de l'étang des panneaux indicateurs.

A Neuville-sur-Oise, je prends la direction du Vexin, à l'ouest, jusqu'à Cergy. Au-delà de cette localité, le paysage verdit. J'aurais pu me rendre par le RER A jusqu'à Cergy-le-Haut (terminus), ce qui m'aurait épargné la traversée de ces villes nouvelles sans charme. 

Soif

Dans le Vexin desséché,
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La campagne, le vent, la chaleur lourde, la soif. Mon bidon de 750 ml est déjà presque vide. Pour alléger mon fardeau, j'ai emporté un seul bidon d'eau, imaginant des fontaines tous les dix kilomètres. Erreur ! Dans un lotissement, je demande de l'eau à une femme plantée sur sa terrasse. Elle vient d'emménager et n'a pas d'eau me dit-elle. Vrai ou faux ? Plus loin, une grosse dame s'affaire dans sa cuisine, au dessus de l'évier, fenêtre ouverte. Je m'approche, mais la ménagère quitte la pièce.

Le cimetière de Courdimanche me sauve car, comme tout cimetière, il dispose d'un robinet d'eau potable. Je fais le plein soulagé.

A Longuesse, rue du Moulin, je m'engage sur un chemin de terre. Dans une clairière, un trio de cyclistes pique-nique. Je les salue.
— Londres, c'est par là ?
— Oui !
Nous voyageons dans la même direction. Edwin, Medhi et Yoan m'accueillent à leur table de bois, pour promeneurs. Casse-croûte entre forçats du gravel. Néocyclistes depuis six mois, ces trentenaires dorment ce soir à Gisors, et visent Dieppe le lendemain. 

Une belle bosse à gravir l'estomac plein, et nous voici compagnons de route. Equipiers d'un week-end, nous cherchons un cimetière à chaque traversée de village. Edwin, excité par le départ, a oublié ses bidons. Nous pédalons en cyclotouristes, davantage intéressés par les senteurs, les paysages que par la moyenne horaire. Medhi, ingénieur diplômé d'AgroParisTech, répond à nos questions sur les espèces végétales observées dans les champs. Mehdi est John Muir à vélo. 

Ciment antillais

Règle d'or du cyclisme : manger avant d'avoir faim. Mes compagnons, d'origine guadeloupéenne, ont une recette, le ciment antillais : une banane et du pain. Et pour l'arrivée, dans quelques dizaines de kilomètres, ils rêvent d'un monaco, cocktail de bière, limonade et grenadine.

A Gisors, nous nous séparons. Les copains ont réservé leur hôtel en ville. Le mien se situe à Bazincourt-sur-Epte. Les derniers kilomètres sont éprouvants, avec un léger mal de tête dû à la chaleur et à la déshydratation. J'arrive enfin au magnifique château de la Rapée, construit en 1825. L'hôtel est classé "Accueil vélo", ce qui signifie que les cyclotouristes bénéficient d'un local où ranger leur vélo. 

Une chambre pour écrivain, avec sa table face à la fenêtre, un lit confortable et une piscine où je me rafraîchis. Le repas est mémorable : croustillant de neufchâtel, bar snacké sur lit de légumes, coupe amarena et verre de Bordeaux. 

Quelques étirements. Dix heures du soir. J'éteins les feux.

Le parcours du jour :

  • Distance : 100,36 km
  • Calories brûlées : 2 981
  • Durée : 5 heures 26
  • Vitesse moyenne : 18,5 km/h
Les conseils du cycliste :
  • Emporter 2 bidons, peu de points d'eau
  • Monter des pneus résistants de section minimale de 28 : la piste passe par de nombreux chemins pierreux.

Le reportage sur la 2e étape, Gisors-Dieppe

Joyeux cyclistes ! LE VELOMANE VINTAGE


Un domaine dans le Vexin. LE VELOMANE VINTAGE

Piste sans voitures, sécurisant !
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Le repos du cyclard. 
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Se détendre après l'effort. LE VELOMANE VINTAGE

La coupe du vainqueur.
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