Sur nos vélos, nous pestons contre les autres usagers de la route – automobilistes, motards, conducteurs de trottinettes ou piétons –, lorsqu'ils commettent une faute de conduite. Notre réaction est compréhensible, surtout quand leur comportement nous met en danger, par exemple lors d'un dépassement à ras de nous.
Faut-il réagir ? hurler ? manifester notre couroux ? Ce réflexe créé par la peur est normal. Mais je doute qu'il apporte une solution, à savoir inciter l'autre à mieux conduire. Au contraire, notre manifestation de colère peut entraîner une réaction violente de la part de l'autre usager. Or une altercation serait-elle d'une quelconque utilité ? Ce n'est pas sur le bas-côté de la chaussée que l'on peut rappeler à un chauffard les règles de sécurité à respecter vis-à-vis d'un cycliste.
En tant que cycliste, nous n'avons d'autre choix que ronger notre frein. Dans le cas d'une infraction nous mettant en danger, nous pouvons toujours relever la plaque d'immatriculation et porter plainte, que la police ou la gendarmerie est tenue de recevoir (Code de procédure pénale, art. 15-3).
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Autorisation pour le cycliste de franchir le feu rouge, en cédant le passage aux piétons et véhicules bénéficiant du feu vert. LE VELOMANE VINTAGE |
Nous pouvons aussi agir chaque jour, en montrant l'exemple. En présence d'autres usagers, respectons le Code de la route : ralentir et céder le passage aux piétons, avertir de son changement de direction, s'arrêter au panneau "stop" et au feu rouge...
Panonceau M12
L'arrêt au feu rouge est emblématique, car nombre d'automobilistes nous reprochent de ne pas respecter ce signal. Dans certains cas, leur critique est justifiée. Mais parfois, il nous voient franchir le feu pour tourner à droite ou aller tout droit alors que cela est autorisé : depuis janvier 2012, les cyclistes sont autorisés à passer au le feu rouge lorsque, sous ce dernier, un "panonceau d'autorisation conditionnelle de franchissement" (ou "cédez-le-passage cycliste", référencé M12). Applicable depuis mars 2024 aux conducteurs d'engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) et de cyclomobiles légers, ce franchissement est permis sous réserve de céder le passage aux piétons et aux véhicules bénéficiant du feu vert. Or je pense que nombre d'automobilistes ayant obtenu leur permis avant janvier 2012 ignorent ce droit dont peuvent se prévaloir les cyclistes, les conducteurs d'EDPM et de cyclomobiles légers.
Alors que faire ? Leur expliquer gentiment ?
Même si nul n'est censé ignorer la loi, une mise à jour des connaissances du Code de la route serait bien utile à certains automobilistes. Or aucun texte ne les oblige à suivre une telle formation. Quant aux cyclistes qui n'ont jamais eu à passer le permis de conduire, une courte formation en vélo-école aux règles de conduite serait toujours bénéfique.