Est-ce courageux ? altruiste ? Parler de son addiction à l'exercice physique, la bigorexie* ou "sportoolisme", comme le fait Servane Heudiard, cela reflète ces deux qualités. Courageux parce que l'autrice, vététiste et rameuse d'aviron, dévoile ce qui lui apporte tant de bien – rouler chaque jour plusieurs heures sur son vélo, ramer jusqu'à l'épuisement en rivière – et ce qui, en même temps, la fait souffrir : une pratique intense qui l'a plusieurs fois conduite à l'accident et qui la coupe parfois des autres.
Prévention
Les autres, Servane Heudiard y pense pourtant. En expliquant ce qu'est cette addiction (la première partie du livre décrit le phénomène), pourquoi et comment celle-ci s'installe insidieusement, et ce qu'elle peut entraîner (la seconde partie fait état de l'expérience de l'autrice), Servane Heudiard n'a d'autre souhait que d'éviter à autrui une souffrance tant physique que morale. Elle donne des pistes pour "en rester à une pratique sportive raisonnable" (s'adonner à plusieurs sports très différents, s'exercer en groupe...), ainsi qu'une liste de questions à vous poser pour savoir si vous êtes entré ou pas dans le processus de dépendance.L'Organisation mondiale de la santé a reconnu en 2011 la dépendance au sport comme une maladie. Environ 15 % des sportifs seraient concernés.
Parce que le vélo, comme d'autres sports d'endurance tels que la course à pied, peut nous conduire à en pratiquer toujours plus, je recommande la lecture de cet ouvrage.
Bigorexie - Le sport, ma prison sans barreaux, S. Heudiard, éd. Amphora, 2021, 224 pages.
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* Mot composé de big ("grand" en anglais) et d'orexis ("appétit" en grec).