Interview : Fred Pallem, l'artiste aux 700 coureurs Salza

Il y a deux ans, je créai le groupe Facebook "Les Petits Cyclistes vintage", pour permettre aux collectionneurs de ces jouets anciens de discuter de leur passion. L'un de nos quelque 400 membres est Frédéric Pallem, créateur du grand orchestre Le Sacre du tympan. À côté de son métier de musicien, il peint des petits coureurs Salza. Ses soigneuses réalisations m'ont donné envie d'en savoir plus sur sa passion.

Victor Salza est votre pseudonyme. C’était le nom d’un fabricant de petits cyclistes. Pourquoi avoir repris son nom ?
Je devais créer un nouveau profil pour piloter mes pages Facebook pro. Pour éviter de me retrouver avec pleins d'amis en double, j’ai préféré prendre un pseudo pour lequel j’ai trois amis. Avec ce profil, je ne participe qu’au groupe des Petits Cyclistes vintage.

Êtes-vous en contact avec les descendants de Salza ?
Pas du tout.

La Miko-Mercier, équipe préférée de Fred Pallem.

Quel âge avez-vous et où vivez-vous ?
46 ans. Dans les Yvelines.

Combien de coureurs compte votre peloton ?
700 environ.

De combien d'équipes disposez-vous ?
70 environ.

Combien de véhicules ?
Je ne suis pas un dingue des voitures, mais j’ai une dizaine de chaque modèle Salza (404, 203, D3A, Jeep) et deux ambulances de périodes différentes.

Quand avez-vous acquis votre premier petit coureur ?
Ça remonte au début des années 80. J’avais douze ans, je pense. Mon père m’a donné sa collection, une cinquantaine de Salza en alu, avec deux motos, une ambulance et une 404 en plastique. J’ai tout perdu suite à divers déménagements.

Depuis quand collectionnez-vous ces jouets ?
Il y a deux ans, dans une brocante à Noirmoutier, je tombe sur dix cyclistes Salza en parfait état. J’ai hésité, et j’ai replongé ce jour-là. 

Pourquoi les collectionnez-vous ?
Déjà petit, j’adorais le modélisme. Et rénover ces cyclistes est assez long, c’est un passe-temps parfait pour moi quand j’ai envie de ne penser à rien. Ce qui n’est pas évident pour moi qui pense tout le temps. C’est une sorte de thérapie. J’ai été hospitalisé l’an dernier et ces cyclistes ont été très utiles à ma convalescence. C’est là que j’ai vraiment commencé en a avoir pas mal. 

Où vous fournissez-vous ?
Ebay, Le Bon Coin, certaines brocantes, parfois le site 3MJA.

Quelles sont vos trois équipes préférées par ordre décroissant ?
Dans les Salza originaux : Miko-Mercier ; Sanson Gelati ; MIC-De Gribaldy. Dans mes rénovations, j’aime bien les Gitane bleu marine du début des années 70, les Ferrys, les Sonolor. 

Quelle est votre marque de petits cyclistes préférée ? Pourquoi ?
Les Salza, surtout en alu. C’est ma madeleine. Les Roger sont trop gros et les Cofalu en plastique mal faits. Pourtant j’en ai eu pas mal quand j’étais petit. Ils étaient faciles à trouver.

Selon vous, quels sont les modèles les plus rares ?
En alu, les buveurs, les pistards et ceux qui tendent le bras pour attraper la besace.

Vous rénovez beaucoup de cyclistes. Pourquoi ?

Attention : peinture fraîche !

C’est un toc. J’ai la collectionnite pour certains trucs. Mon côté obsessionnel. Puis ça passe, et je revends tout. Je suis musicien professionnel et j’ai suivi aussi une formation de graphiste à l'École Boulle. Je suis donc resté très sensible à la peinture, aux couleurs, et à la typographie. Une de mes motivations, dans mes créations et rénovations avec les cyclistes, est d'essayer de retrouver le charme désuet des Salza. Les maillots n'étaient pas identiques aux vrais ; il y avait une recherche esthétique pour attirer l’œil des enfants. Les premiers Wiel's sont plutôt kaki, mais ils ont été modifiés rapidement avec un vert menthe très tonique et visible qui n’a rien à voir avec l’original. Pareil pour les SCIC, noirs et blanc à l’origine donc très sobres. Salza a vite abandonné le noir et blanc pour le violet et blanc. C’est pour cela que je passe pas mal de temps à trouver le bon bleu, le bon rouge, faire des mélanges, brillant ou mat, etc.

Avec quelle peinture les rénovez-vous ?
Dieu merci, je n’ai pas perdu ma boîte avec mes anciennes peintures d’il y a 30 ans ! De nombreux pots sont encore utilisable presque à 80 %. Pour les autres, des peintures à l’huile Enamel essentiellement, mais elles ont moins de pouvoir couvrant que les anciennes peintures, et une fois le pot ouvert, elles durcissent plus vite ; comme une obsolescence programmée. Les anciennes peintures contiennent des produits interdits aujourd’hui. J’ai quelques pots d’acrylique, surtout pour le noir. 

Réalisez-vous vous-même les décalcomanies de marques ?
J’ai essayé mais c’est très compliqué, surtout au niveau de l’imprimante qui coûte très cher ainsi que les encres. Je passe par Custom Decal. Ce n'est pas donné mais quand on aime, on ne compte pas !

Réalisez-vous des transformations (interversion de têtes, de bras) ?
Pas du tout. Mais vous me donnez des idées !

Comment évolue le marché ? Offre, demande, prix...
Je pense que c’est de plus en plus cher, mais il y a encore des bons coups à faire. Je me méfie de certains vendeurs qui ne font que du cycliste miniature : je les soupçonne de trafiquer les enchères avec des amis.

Quel est le prix courant d'un coureur ?
Autour de 5 euros pour un coureur en mauvais état, surtout le dossard [la marque sur le maillot, ndr]. Compter 10 et 20 euros quand le dossard est nickel et la position rare.

Faites-vous du vélo ?
J’en ai fait beaucoup étant jeune. Maintenant, non.

Avez-vous un vélo vintage et l'équipement adéquat (casquette, maillot, etc.) ?
Non. J’ai gardé mes deux vélos de course : un Reynolds et un Super Vitus.

Votre coureur préféré ?
Hinault. Même si c’était une tête de con, au moins il se passait des choses, il y avait de l’imprévu, du suspense, pas comme aujourd’hui ou tout est joué d’avance. Je n’ai pas loupé une étape du Tour entre 1980 et 1986. Depuis le départ de Hinault, je ne regarde plus le Tour.

Avez-vous un site Web sur lequel vous exposez vos coureurs ?
Non, c’est très perso. Juste sur votre groupe Facebook.

Quels sont vos projets avec les petits coureurs ?
J’ai deux vitrines, je vais en faire une troisième et stop. 

Photos : Fred Pallem.

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Le site de l'orchestre de Fred Pallem, Le Sacre du tympan : www.lesacre.com
Le groupe Facebook Les Petits Cyclistes vintage.

Le violet de la SCIC par Salza, moins austère que le noir du vrai maillot.

Le vert menthe de la Wiel's, plus attirant 

pour les enfants que le vert bouteille du maillot original.

Les buveurs Salza sont assez rares.

Hommage à Poulidor.

Peinture neuve et décalcomanies.