Sous les cimes, dans la fraîcheur matinale, je quitte le château de la Rapée à 9 heures 15. La campagne bruisse ; le chant des oiseaux se couple au son de mes vieux pneus Schwalbe Marathon sur le chemin. A la sortie du bois, la route étroite perce d'immenses champs de blé tachetés de coquelicots.
Virée normande pour ma Rando-cycle. LE VELOMANE VINTAGE |
En laissant A Gournay-en-Bray, sur le C7, route de Saint-Clair, je suis hélé. Mes compagnons d'hier m'ont rattrapé. Mon égarement sur la D 915 a a favorisé nos retrouvailles ; nous poursuivons notre chemin de concert.
Le ciel se teinte de gris,. De petites gouttes s'écrasent sur nos casques. Je baisse la visière de ma casquette Mercier.
Vent dans le dos
La température a chuté. Nous nous arrêtons sous un abri en ciment à Forges-les Eaux. Les habitations en briques luisent sous la pluie, couleur sépia. Mes copains dévorent des sandwiches. J'avale une compote et une pomme transportées depuis Paris. Je n'ai pas pris le temps d'acheter autre chose. Lorsque nous repartons, j'enfile ma veste en Gore-Tex car la pluie, bien que légère, est froide.
Notre équipée fait route vers le nord, sur une large et lisse piste cyclable noire, qui recouvre l'ancienne voie ferrée Dieppe-Paris. Vent dans le dos, nous fonçons à 28 km/h, une vitesse honorable eu égard au poids de nos cycles.
Dans les roues des camarades, je pense de plus en plus à la nourriture. A Neufchâtel-en-Bray, je fais une halte et leur propose de continuer sans moi car leur train part de Dieppe à 18 heures. La boulangerie Sophie-Lebreuilly, vaste, fait davantage penser à un "truck stop" américain ou à une cafétéria. L'énorme sandwich tomates-mozarella-salade fera l'affaire, avec une tartelette (met classique pour un cycliste) et un double expresso dont je rêvais depuis mon départ de Gisors. Le sourire du serveur rondouillard est bien agréable, alors que la pluie continue à tomber. Une motarde des Pays-Bas finit son casse-croûte puis enfourche son engin chargé de matériel de camping.Un panneau rassurant. LE VELOMANE VINTAGE |
La fin du parcours se déroule sur la piste, seul sous la pluie. Je souris en voyant une femme en culotte qui se prépare pour une course à pied organisée dans un village. (Elle se croyait à l'abri des regards, derrière sa voiture stationnée.)
Les autres êtres vivants que j'aperçois sont des vaches et des moutons dans les prés que fend la piste cyclable.
"C'est très gentil"
Dieppe, 36 km. Le panneau donne le ton. Encore un effort et je serai à l'hôtel. Chaque dizaine de kilomètres me paraît longue. Dans les faubourgs de Dieppe, je croise des pelotons de cyclistes britanniques. Hommes et femmes d'une soixantaine d'années, que je salue et auxquels je lance un "welcome in France". "C'est très gentil", me répond une dame. Le vélo est un moyen de fraterniser.
A Dieppe, je me dégonfle : non, je n'irai pas me baigner. Le ciel est trop sombre, j'ai envie d'une douche et de dîner à l'hôtel. L'hôtel Mercure, estampillé "Accueil vélo", possède une pièce où ranger ma monture, qui passe la nuit avec une vingtaine d'autres bécanes. Le repas pris au restaurant attenant, le By Del Néro, est ordinaire et gâché par la musique d'ambiance, trop forte. je saute le dessert. Après 113 bornes, j'aurais voulu manger dans le silence.
Le parcours du jour :
- Distance : 114 km
- Calories brûlées : 3 431
- Durée : 5 heures 27
- Vitesse moyenne : 21 km/h
- Respecter les "stop" lorsque la piste croise des routes.
- Prendre le temps de s'arrêter pour admirer le paysage : les collines du pays de Bray sont magnifiques.
Vers Bazincourt-sur-Epte. LE VELOMANE VINTAGE |
Une route pour moi seul. LE VELOMANE VINTAGE |
Pique-nique humide à Forges. LE VELOMANE VINTAGE |
Forges sous les eaux. LE VELOMANE VINTAGE |
Les derniers kilomètres. LE VELOMANE VINTAGE |
Arrivée à Dieppe. Je me baignerai une autre fois. LE VELOMANE VINTAGE |