Pédaler en respectant "la limite d'un rayon maximal d'un kilomètre autour du domicile" fixée par le gouvernement, c'est possible. Mais tourner autour de chez soi, comme dans un mini-critérium, c'est lassant. Dans certains cas, à quelques centaines de mètres près, cette limite dérogatoire au confinement empêche d'atteindre un espace vert, propice au cyclo-cross ou au VTT, ou une petite route de campagne. Le gouvernement ne pourrait-il pas élargir le périmètre défini par le décret du 29 octobre dernier ?
Pédaler en rond sur 1 km : certains craquent ! LE VELOMANE VINTAGE |
Plusieurs pétitions à cette fin ont été émises sur Internet, ces derniers jours. Sur change.org, la FF Vélo (Fédération française de cyclotourisme) demande "l'annulation de la règle d'une heure et un kilomètre", dans une pétition publiée le 9 novembre. L'organisme souhaite que le gouvernement permette de pratiquer le vélo "individuellement dans un périmètre et un environnement adaptés et raisonnables". Plus de 15.600 signatures sont enregistrées. Une autre, de Billy Fernandez, accompagnateur en montagne, plaide pour un "accès responsable à la nature en période de confinement": plus de 193.200 signatures !
D'autres pétitions portent sur l'élargissement de la limite d'un à cinq kilomètres. L'une d'elles, adressée au président de la République, ainsi qu'à plusieurs ministres et à la maire de Paris, atteint à ce jour plus de 94.170 signatures sur change.org. Son auteur, Virginie Babinet, parisienne sportive de 51 ans, argumente : "La question de l’équité est en effet ici en jeu. Plages, parcs, forêts restent ouverts, car la distanciation sociale y est facile à respecter, mais il existe de nombreuses personnes qui, à 1 km de chez elles, n'ont accès à aucun lieu avec un peu de nature. Elles risquent donc d’être obligées de pratiquer leur sport dans la rue, sur les trottoirs, sans masque au risque de croiser des personnes malades ou à risque." Mme Babinet n'a encore reçu aucune réponse des pouvoirs publics, qu'elle a alertés via LinkedIn.
D'autres pétitions pour une extension à cinq kilomètres ont été émises sur d'autres sites, mais elles recueillent moins de signatures. Sur Mesopinions.com, celle de "Pas à pas santé" en enregistre environ 21.400. "Augmentons au minimum à 5 km la distance (...) afin d'éviter que dans les zones urbaines les gens se retrouvent tous concentrés dans les mêmes rues et parcs et permettre, à la campagne, aux gens de pouvoir profiter des chemins alentours", argumente son auteur. Sur Petitions.fr, deux pétitions ont été émises, enregistrant 4426 signatures pour l'une, 334 pour l'autre.
Référé-liberté
A côté des pétitions, d'autres méthodes sont employées. Le 13 novembre, quarante-cinq députés du parti Les Républicains ont adressé une lettre à la ministre chargée des Sports, lui demandant de "suspendre" la règle du 1 km/1 h. Le 16 novembre, les partis politiques Génération Ecologie et Europe Ecologie les Verts ont déposé une requête en référé-liberté devant le Conseil d'Etat, dont l'enjeu est :
- "de contester une règle dépourvue de logique sanitaire puisque les risques de transmission du virus en extérieur lors d’activités individuelles dans la nature sont infimes et que leurs bénéfices pour la santé sont considérables ;
- de contester son caractère contre-productif puisqu'elle conduit à une concentration plutôt qu’à une diffusion des personnes, qu’elle altère l’adhésion des français au confinement et qu’elle affecte gravement leur capacité à pouvoir le supporter ;
- de faire reconnaître l’accès à la nature comme une "liberté fondamentale" au regard de l’article premier de la Charte de l’environnement : "Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé"".
Le juge des référés a en principe 48 heures pour rendre sa décision.
Tribune
De leur côté, la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette) et plusieurs organismes du secteur du cycle et du sport ont publié le 18 novembre une tribune, demandant la levée de la limite du kilomètre.
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