Ce matin, sortie en Seine-et-Marne sur ma randonneuse en acier. Le vent m'attendait. Il m'a vu, seul, sans défense. "Essaye donc d'avancer, petit cycliste", me disait-il. Je luttais face à lui, faisant du surplace en 46-17. Au gré des virages, il m'attaquait sur les flancs. Je me cramponnais, la tête dans les épaules, collé à mon tube de cadre, le dos plat, les yeux humides.
Soudain, il changeait de camp, devenait coéquipier : dans mon dos, il me poussait et je retrouvais mes jambes. "Vas-y petit cycliste, je souffle pour toi", me confiait-il. Je me grandissais et mettais une dent de mieux.
Une sortie de courbe, et le revoici ennemi, sur le côté puis de face. Je l'imagine comme un diable immense, rouge, qui balaye la plaine, giflant les arbres gris sans feuilles.
J'ai écouté le vent, et écourté ma sortie. Il m'a eu, le malin.