Avez-vous déjà rencontré des pièges anticyclistes en forêt ? Câbles tendus en travers du chemin, rochers déplacés en sortie de virage, planches à clous… Lors de la guerre du Viêt Nam, ces terrifiantes installations, parfois enduites d'excréments (pour causer une infection), étaient nommées « booby traps » (pièges à cons) par les soldats américains.
La presse cycliste et les forums sur Internet font état de nombreux cas où ces pièges ont été découverts, en France et en Belgique. Une récente réponse ministérielle précise que "le service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale est parvenu à recenser 6 faits commis entre 2018 et 2019 ayant donné lieu à dépôts de plainte : trois faits ont été commis entre le mois de mai et la fin du mois d'octobre 2018 ; trois faits ont été commis entre le mois de juin et la fin du mois d'août 2019 ; aucun fait n'a été constaté à ce jour pour l'année 2020 ; au niveau de la répartition géographique, trois faits concernent la région Auvergne-Rhône-Alpes (départements 38 et 73), deux la région Grand-Est (départements 54 et 67) et le dernier les Hauts-de-France (département 60). Trois qualifications pénales différentes ont été retenues : mise en danger délibérée de la vie d'autrui (article 223-1 du Code pénal), violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours (article 222-13 du Code pénal), destruction, dégradation ou détérioration d'un bien appartenant à autrui (article 322-1 du Code pénal). À ce jour, aucune de ces procédures n'est parvenue à établir des responsabilités."
Le ministère de l'Intérieur note dans sa réponse : "Cette faible occurrence d'actes de malveillance orientés vers les pratiquants de vélo tout-terrain (…) ne doit pas conduire à sous-estimer ces faits." Car il existe probablement des cas où les victimes n'ont pas porté plainte, sinon signalé le piège aux autorités.
Pose de pièges réglementée
La pose de pièges est réglementée et circonscrite à la capture ou la destruction d'un animal classé nuisible (art. L 427-8 du Code de l'environnement). La pose de pièges hors de ce cadre peut être sévèrement punie si elle occasionne un dommage à une personne, voire la tue (article 222-7 et suivants du Code pénal). "Les violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente sont punies de dix ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende" (art. 222-9 du Code pénal). C'est même quinze ans de réclusion criminelle lorsqu'il y a eu usage d'une arme ou lorsqu'il y a eu préméditation.
Encore faut-il identifier l'auteur. Ce dernier pourrait difficilement invoquer la légitime défense pour protéger son bien, une forêt, par exemple (article 122-5 du Code pénal).
Sur votre VTT, votre cyclo-cross ou votre gravel, au détour des sentiers, gardez l'œil et prévenez la gendarmerie si vous découvrez un de ces pièges.
Planche à clous attendant le passage d'un VTTiste. |