Les difficultés de cohabitation entre cyclistes et aux usagers apparaissent dès les débuts de la bicyclette, au XIXe siècle. Très tôt, pour la sécurité et le confort des cyclistes, le besoin de créer des voies qui leur sont réservées naît. Le quotidien Le Vélo du 26 avril 1893 révèle que la province d'Anvers, en Belgique, vient "de réserver aux vélocipédistes l'un des trottoirs établis le long des principales routes provinciales". C'était déjà le cas dans la province du Brabant où les routes comportent "un trottoir cyclable, construit en cendrée, d'un mètre de largeur et d'une surélévation de quinze centimètres". Les frais étaient en partie à la charge des contribuables cyclistes. L'auteur, D. Cooper, s'interroge : "A quand le tour de la France ?"
Routes cyclables
"Un trottoir cyclable, SVP !", Le Vélo, 15 décembre 1893. (Source : retronews.fr) |
Trottoir cyclable
Sans attendre ces élections, le 15 décembre, Le Vélo publie un billet titré : "Un trottoir cyclable S.V.P. !" Le journal exhorte les cyclistes, l'Union vélocipédique de France [ancêtre de la Fédération française de cyclisme] et les municipalités intéressées de "mettre en mouvement" les pouvoirs publics afin de créer un trottoir cyclable sur 10 km, entre Charenton et Villeneuve-Saint-Georges, où la route pavée est bordée de larges trottoirs sur lesquels personne ne passe. Le thème des voies pour cyclistes est en plein essor puisque, entre-temps, le conservateur du bois de Vincennes promet de rendre cyclables certains trottoirs du bois (Le Vélo, 22 décembre 1893).
La bonne nouvelle arrive le 2 février 1894 : Le Vélo annonce que l'Union vélocipédique de France prendra à sa charge l'aménagement du trottoir cyclable de Charenton à Villeneuve-Saint-Georges, mais aussi celui de Chatou à Nanterre "et bien d'autres". Le trottoir de Villeneuve est ouvert aux cyclistes le 16 septembre 1894. Les pistes cyclables françaises sont nées.
Des pistes aux circuits cyclables
En 1973, Roger Lajoie-Mazenc écrivait (Ces gentlemen en culottes courtes, éd. Salingardes) : "Les automobilistes admettant de moins en moins sur les routes les deux roues qu'ils considèrent comme gênants pour leur lenteur, des associations ont réclamé la création de pistes cyclables en bordure des axes routiers. A tout prendre, il faut préférer à ces aménagements partiels la création de circuits cyclistes où pourraient se dérouler aussi bien les entraînements que les compétitions dont on sait qu'elles sont aujourd'hui de plus en plus proscrites." L'auteur cite le circuit de Longchamp au bois de Boulogne et le Cyclo-park de Tokyo, qui dispose d'une piste asphaltée de 5 km pour les débutants. [Depuis 1979, peut s'y ajouter celle du bois de Vincennes, longue de 3,1 km.]